La comédie des ambitieux toujours à l'affiche

Publié le par Océ

La comédie des ambitieux toujours à l'affiche

...L'intérêt supérieur de la France, le souci de l'intérêt général... qu'ils sont beaux les tissus dans lesquels se drapent certains prétendants à la magistrature suprême !  Et quand bien même, les intéressés  seraient des modèles de vertu, ils attirent  des personnages souvent plus troubles qui agissent selon des ressorts qui semblent beaucoup plus bassement matérialistes.

   De nombreuses pages du roman de Balzac, Le Père Goriot, gagneraient ainsi à être relues à la fois comme une vraie analyse sociologique de la société parisienne au XIXème siècle mais aussi comme, déjà, la peinture  de notre temps.

  •   Lucidité et  cynisme

    Jeune provincial  de famille noble mais désargentée,  Rastignac est monté à Paris pour entreprendre des études de droit. Le roman raconte les premiers mois de l'étudiant dans la capitale. Espoirs, déceptions, observation, leçons...

    A la fin  du livre I, Rastignac est reçu chez la vicomtesse de Beauséant, une cousine. Situé dans le quartier du faubourg Saint-Germain, son salon élégant de vraie aristocrate suscite l'envie des nouveaux riches qui rêvent d'y être reçus.

    Certes, son discours est celui d'une femme trahie par un homme aimé qui l'abandonne pour épouser un bon parti mais il lui permet de peindre l'envers du décor pour  édifier le jeune Rastignac. Avant Vautrin,  elle lui sert de conseillère  et de mentor.

  • Un extrait du discours

   " Eh bien ! monsieur de Rastignac, traitez ce monde comme il mérite de l’être. Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Vous sonderez combien est profonde la corruption féminine, vous toiserez la largeur de la misérable vanité des hommes. Quoique j’aie bien lu dans ce livre du monde, il y avait des pages qui cependant m’étaient inconnues. Maintenant je sais tout. Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez. Frappez sans pitié, vous serez craint. N’acceptez les hommes et les femmes que comme les chevaux de poste que vous laisserez crever à chaque relais, vous arriverez ainsi au faîte de vos désirs. (...)

   La belle madame de Nucingen sera pour vous une enseigne. Soyez l’homme qu’elle distingue, les femmes raffoleront de vous. Ses rivales, ses amies, ses meilleures amies voudront vous enlever à elle. Il y a des femmes qui aiment l’homme déjà choisi par une autre, comme il y a de pauvres bourgeoises qui, en prenant nos chapeaux, espèrent avoir nos manières. Vous aurez des succès. À Paris, le succès est tout, c’est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez alors ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns ni parmi les autres( ...)".
   

                                                                                        (Balzac, Le Père Goriot, I,1835)

 

 

Publié dans Société, Littérature

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