Travestir la vérité ou pas ?

Publié le par Océ

Tom Hussey  : Un vieil homme se revoit soldat rentrant de France, pays où il a rencontré sa femme.

Tom Hussey : Un vieil homme se revoit soldat rentrant de France, pays où il a rencontré sa femme.

   Vérité ? Mensonge ? Petits accommodements avec la réalité ? Un post récent avait évoqué la question de la falsification dans l'univers politico-médiatique  à la lumière de l'actualité et des discussions à l'Assemblée sur une possible lutte contre les bobards

     Au-delà des tentatives d'intoxication et de manipulations à des fins douteuses, entre le parti de dire "la vérité en face"  ou celui de se prendre dans la théorie du complot, on peut se demander comment et pourquoi l'on peut  jouer avec la vérité.

  •     Dans Le peintre de la vie moderne (1885), Baudelaire  revendique le recours aux artifices esthétiques :

"[...]La femme est bien dans son droit, et même elle accomplit une espèce de devoir en s’appliquant à paraître magique et surnaturelle ; il faut qu’elle étonne, qu’elle charme ; idole, elle doit se dorer pour être adorée. Elle doit donc emprunter à tous les arts les moyens de s’élever au-dessus de la nature pour mieux subjuguer les cœurs et frapper les esprits. Il importe fort peu que la ruse et l’artifice soient connus de tous, si le succès en est certain et l’effet toujours irrésistible. [...]" Extrait de "Eloge du maquillage".

  • Comme Esope, La Fontaine ou Perrault, Florian offre un éloge de la fable au nom de l'efficacité pédagogique. Pour un moraliste, la  qualité de la leçon ne se pose même pas...mais pour les autres ?

https://www.youtube.com/watch?v=I0EcKpsXW-M

             La Fable et la Vérité

La vérité, toute nue,
Sortit un jour de son puits.
Ses attraits par le temps étaient un peu détruits ;
Jeune et vieux fuyaient à sa vue.
La pauvre vérité restait là morfondue,
Sans trouver un asile où pouvoir habiter.
A ses yeux vient se présenter
La fable, richement vêtue,
Portant plumes et diamants,
La plupart faux, mais très brillants.
Eh ! Vous voilà ! Bon jour, dit-elle :
Que faites-vous ici seule sur un chemin ?
La vérité répond : vous le voyez, je gèle ;
Aux passants je demande en vain
De me donner une retraite,
Je leur fais peur à tous : hélas ! Je le vois bien,
Vieille femme n'obtient plus rien.
Vous êtes pourtant ma cadette,
Dit la fable, et, sans vanité,
Partout je suis fort bien reçue :
Mais aussi, dame vérité,
Pourquoi vous montrer toute nue ?
Cela n'est pas adroit : tenez, arrangeons-nous ;
Qu'un même intérêt nous rassemble :
Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.
Chez le sage, à cause de vous,
Je ne serai point rebutée ;
A cause de moi, chez les fous
Vous ne serez point maltraitée :
Servant, par ce moyen, chacun selon son goût,
Grâce à votre raison, et grâce à ma folie,
Vous verrez, ma sœur, que partout
Nous passerons de compagnie.

Publié dans Société, Littérature, Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article