Petites histoires de mouches

Publié le par Océ

    Quoique de petite taille, la mouche est un insecte des plus agaçants :  elle    perturbe tant par ses bourdonnements que par sa fâcheuse tendance ou à voleter sans cesse ou à rester posée  sans bouger, même quand ses chatouillis mal venus irritent ses victimes.

   Voici peu, la bestiole a fait jaser en se posant sur la blanche crinière de M.Mike Pence, vice-président des USA, resté imperturbable. En troublant le débat qui opposait le co-listier de M. Trump à Mme Kamala Harris, elle a capté l'attention des spectateurs  qui se souviennent surtout d'elle. Quant au débat...

La mouche en invitée surprise dans un important débat politique.

La mouche en invitée surprise dans un important débat politique.

    Une autre histoire de mouche, racontée par le fabuliste Jean de La Fontaine :

LE COCHE ET LA MOUCHE

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
            Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des Chevaux s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
            Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
            Aussitôt que le char chemine,
            Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
            La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ;
Qu'aucun n'aide aux Chevaux à se tirer d'affaire.
            Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
            Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
            S'introduisent dans les affaires :
            Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

L'affiche du film "La Discrète"  de Christian Vincent (1990) dessine la carte des mouches.

L'affiche du film "La Discrète" de Christian Vincent (1990) dessine la carte des mouches.

   La mouche, arme de séduction ?  Oui, sous l'Ancien Régime. Faite d'un petit morceau de taffetas ou tulle noir, placée de façon stratégique sur le visage  selon un code fort précieux, la "mouche" fait ressortir la pâleur du teint et  l'humeur  de celui ou celle qui la porte. La mode est telle  que le visage devient une mini-carte de Tendre avec "l'effrontée" (sur le bout du nez), "La coquette"(au dessus de la lèvre), ou encore "l'assassine";près de l’œil et bien d'autres encore.

  Dans son film, La Discrète, qui raconte  les heurs et malheurs d'un séducteur, Christian Vincent a choisi de remettre à la mode une mouche particulière du même nom, placée sous la lèvre. La comédie de mœurs, douce amère,  est un joli classique  dans lequel Fabrice Lucchini joue un Dom Juan modernisé.

  Des petits bonus musicaux :

- la musique du film La Discrète -la Mélodie hongroise D. 817  de Schubert-que l'on peut écouter à cette adresse : https://www.youtube.com/watch?v=J8e8IlLvkYg

- une chanson de Thomas Fersen, Les Mouches  : https://www.youtube.com/watch?v=NA6lA4aqAQs 

- une autre de Michel Polnareff (1966) :  "La Mouche"

Je suis une mouche
Posée sur sa bouche
Elle était nue
On aurait cru le paradis
Tant elle était jolie

Je suis une mouche
Posée là sur sa bouche
Je n'avais d'yeux que pour elle
Mais elle voulait
Que je me tire à tire d'ailes

Sur ses lèvres, moi, j'avais décidé
De ne plus jamais m'envoler
Sur ses lèvres, moi, j'avais décidé
De ne plus jamais m'en aller

Mais que fait donc cette mouche
Posée là sur ma bouche
Demanda-t-elle au peintre
Qui lui dit
Comme c'est joli

De voir cette mouche
Dessinée sur ta bouche
Et moi j'aurais tout donné
Oui, tout donné
Pour pouvoir l'embrasser

Sur ses lèvres, moi, j'avais déposé
Le plus doux des plus doux baisers
Sur ses lèvres, moi, d'une gifle elle m'a tuée
Croyant que j'voulais la piquer

Publié dans Cinéma, Musique, Poésie

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