"Ah ! Si vous connaissiez ma poule..."

Publié le par Océ

Comment la mosaïque transforme les nids-de-poule en art de la rue ( réalisation de Jim Bachor).

Comment la mosaïque transforme les nids-de-poule en art de la rue ( réalisation de Jim Bachor).

  L'actualité judiciaire de 2019 a placé le coq (et ses propriétaires) sous les feux de la rampe. Le volatile a le tort de perturber le sommeil de certains habitants qui s'écharpent avec les tenants de la tradition, défenseurs  de la sauvegarde des cocoricos comme des  sonneries des cloches.

 Dans un souci de parité, il semble  judicieux de redonner à la poule la place qu'elle mérite surtout pour lui éviter l'élevage en cages étroites. Quant à la chanson de Maurice Chevalier utilisée en titre, elle est vraiment d'un autre temps à la fois par sa date (1938) et aussi par un vocabulaire à faire hurler les féministes. Le terme est familier, parfois affectueux  mais souvent sexiste voire péjoratif en argot.

   Pour sourire,  le portrait du volatile en mouvement sous la plume de Jules Renard dans Histoires naturelles.

          La Poule

Pattes jointes, elle saute du poulailler, dès qu’on lui ouvre la porte.
C’est une poule commune, modestement parée et qui ne pond jamais d’œufs d’or.
Éblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour.
Elle voit d’abord le tas de cendres où, chaque matin, elle a coutume de s’ébattre.
Elle s’y roule, s’y trempe, et, d’une vive agitation d’ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces de la nuit.
Puis elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli.
Elle ne boit que de l’eau.
Elle boit par petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord du plat.
Ensuite elle cherche sa nourriture éparse.
Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues.
Elle pique, elle pique, infatigable.
De temps en temps, elle s’arrête.
Droite sous son bonnet phrygien, l’œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l’une et de l’autre oreille.
Et, sûre qu’il n’y a rien de neuf, elle se remet en quête.
Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte. Elle écarte les doigts et les pose avec précaution, sans bruit.
On dirait qu’elle marche pieds nus.

"Dîner des poules" par Philibert-Léon Couturier

"Dîner des poules" par Philibert-Léon Couturier

 Surprise pour qui a entendu les caquètements répétitifs quoique parfois modulés de la bestiole,  le volatile  a même inspiré des musiciens et non des moindres comme Rameau qui a composé La Poule, une suite en sol pour clavecin. Diverses interprétations de cette œuvre du début XVIIIème  montrent la virtuosité demandée par ce morceau toujours revisité :

-au clavecin ( Hank Knox ) :    https://www.youtube.com/watch?v=8yiJOImd6k0

-au piano par Alexej Outekhin : https://www.youtube.com/watch?v=FRSmCMDAUcg

-à l'accordéon ( Victor Aryutkin) : https://www.youtube.com/watch?v=PEZX1GdtJhY

-un orchestre symphonique (Hong Kong Chordophonia) : https://www.youtube.com/watch?v=PnnUrQsGEnQ


 

Publié dans Musique, Oiseaux, Littérature

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