Le doxing, arme fatale sur le net ?

Publié le par Océ

A Charlottesville.

A Charlottesville.

 On connaît le bashing déjà depuis longtemps, hélas !  Fort à la mode, en anglais comme il se doit, le terme désigne les attitudes de dénigrement systématique d'une personne ou d'un groupe. C'est la forme moderne du lynchage. Derrière son écran, on critique sans nuance, à coups de jugements dévalorisants voire injurieux, et surtout sans argument rationnel. Dernières victimes en date : l'ancien président Hollande,  son prédécesseur, son successeur  à qui l'on reprochait de ne rien avoir fait bien avant le 2nd tour des élections... Les médias relaient les attaques, les cautionnent de fait et s'en délectent (Ah ! la baisse  de la cote de popularité  qui devient déjà chute, effondrement).

 Un autre mot est apparu, toujours en anglais évidemment : le doxing (ou doxxing, l'orthographe semblant  assez mouvante). Limitée à l'univers des hackers, cette "activité" consiste à accumuler des documents sur les autres hackers et à exercer une pression sur eux en leur faisant savoir qu'ils sont connus et qu'ils peuvent être sortis de l'anonymat dans lequel ils se complaisent.

  Dans un article récent, Courrier International évoque le recours au doxing  contre  des suprémacistes blancs repérés lors des émeutes de Charlottesville. Souvent masqués comme certains membres du KKK, certains suprémacistes ont néanmoins pu être identifiés avec diffusion sur les réseaux sociaux de leur nom, adresse et profession. De là à glisser à un appel à la vindicte populaire, il n'y a qu'un pas, facile à franchir mais aux conséquences  graves comme toutes les formes de harcèlement.

  En 2015, on  ne parlait pas vraiment de doxing  mais c'est pourtant ce  qu'un riche dentiste américain avait subi à la suite d'un épisode peu glorieux de ses vacances de Tartarin au Zimbabwe.  Il  y avait abattu le lion Cecil, ce qui lui avait valu  des réactions souvent fort violentes (propos injurieux, vie privée dévoilée, vie professionnelle gravement pénalisée... ). Les poursuites judiciaires contre le chasseur ont pourtant été rapidement abandonnées mais les internautes ont choisi  une forme de justice populaire et arbitraire même si l'on peut comprendre les motifs de leur colère.  On sait, par exemple, que des médecins américaines ont payé de leur vie le fait de pratiquer des avortements dans un cabinet ou un hôpital.

  L'article mentionné  est à l'adresse suivante : http://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-le-doxxing-une-nouvelle-arme-contre-les-supremacistes-blancs

 Pour sortir du jargon anglicisant, des linguistes  proposent  "raclée", "bastonnage", "dénigrement", "lynchage (médiatique) à la place de bashing.

  Pas de  proposition pour doxing (qui vient de  l'anglais to document). Les traductions  (documenter, donner de la documentation) ne rendent pas bien compte de l'action qui rsuggère un "déshabillage public imposé".

  Rappel : la loi  française sanctionne  le doxing. A lire, un article en ligne :

http://www.supinfo.com/articles/single/1020-hacking-doxing?_sm_au_=iVVfnVSNVVtpFZPM

Publié dans Société

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