La belle saison des pivoines

Publié le par Océ

 La belle  saison des pivoines

   La fleur sous la plume de Philippe JACCOTTET dans  son recueil Cahier de verdure :

                  "Les Pivoines"

Tout juste le temps d’être de petites balles,

de petits globes lisses et denses, quelques jours;

puis, cédant à une poussée intérieure, de s’ouvrir,

de se déchiffonner, comme tant d’aubes autour

d’un poudroiement doré de soleil.

Comme autant de robes, si l’on veut. Si vous y

incite l’insistante rêverie.

Opulentes et légères, ainsi que certains nuages.

Une explosion relativement lente

et parfaitement silencieuse

La grâce dérobée des fleurs.           

      Une adresse pour prolonger la promenade : https://despenseesaujardin.com/2018/04/28/cest-le-moment-de-rougir-comme-une-pivoine-majestueuse-et-fidele-ephemere-au-jardin/

Renoir : "Nature morte avec pivoines" - 1872

Renoir : "Nature morte avec pivoines" - 1872

    Guillaume Apollinaire,  un long poème daté du 22 mai 1915, écrit à Courmelois (Marne) et publié dans le recueil  Poèmes à Lou :

 

                       Pétales de pivoine

Pétales de pivoine
Trois pétales de pivoine
Rouges comme une pivoine
Et ces pétales me font rêver

Ces pétales ce sont
Trois belles petites dames
À peau soyeuse et qui rougissent
De honte
D’être avec des petits soldats

Elles se promènent dans les bois
Et causent avec les sansonnets
Qui leur font cent sonnets

Elles montent en aéroplane
Sur de belles libellules électriques
Dont les élytres chatoient au soleil

Et les libellules qui sont
De petites diablesses
Font l’amour avec les pivoines
C’est un joli amour contre nature
Entre demoiselles et dames

Trois pétales dans la lettre
Trois pétales de pivoine.

Quand je fais pour toi mes poèmes quotidiens et variés
Lou je sais bien pourquoi je suis ici
À regarder fleurir l’obus à regarder venir la torpille aérienne
À écouter gauler les noix des véhémentes mitrailleuses

Je chante ici pour que tu chantes pour que tu danses
Pour que tu joues avec l’amour
Pour que tes mains fleurissent comme des roses
Et tes jambes comme des lys
Pour que ton sommeil soit doux

Aujourd’hui Lou je ne t’offre en bouquet poétique
Que les tristes fleurs d’acier
Que l’on désigne par leur mesure en millimètres
(Où le système métrique va-t-il se nicher)
On l’applique à la mort qui elle ne danse plus
Mais survit attentive au fond des hypogées

Mais trois pétales de pivoine
Sont venus comme de belles dames
En robe de satin grenat
Marquise
Quelle robe exquise
Comtesse
Les belles f…es
Baronne
Écoutez la Mort qui ronronne
Trois pétales de pivoine
Me sont venus de Paris                                              

Publié dans Poésie, Peinture

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