«Des violettes pousseront au printemps par mes mains arrachées»...

Publié le par Océ

Maksym Kryvtsov sur le front ukrainien.

Maksym Kryvtsov sur le front ukrainien.

Ukraine : mort d'un poète

               Surnommé Dali à cause de sa moustache, Maksym Kryvtsov  est mort sur le front à l'âge de 33 ans. Soldat volontaire,  ce poète ukrainien avait déjà combattu contre les Russes en 2014.

lhttps://www.francetvinfo.fr/culture/livres/a-kiev-hommage-emouvant-rendu-par-des-centaines-de-personnes-a-un-jeune-poete-et-soldat-tue-sur-le-front_6297186.html

               Cette expérience  de la lutte  a inspiré l'essentiel de ses poèmes ( 90% selon ses dires). On ne peut s'empêcher d'inscrire son nom à la suite  de celui  d'Apollinaire à qui l'on doit Poèmes à Lou  et Poèmes en guerre. Il avait tenté de s'engager dans l'armée française dès l'été 1914 et n'avait été incorporé qu'en décembre de la même année. Gravement blessé en mars 1916 peu de temps avant d'obtenir sa naturalisation.  Longtemps malade de sa blessure, déclaré inapte en mars 1917,   il succombe le 9 novembre 1918  à la grippe espagnole, quasiment à la veille de la signature de l'armistice.

                D'autres poètes nous ont laissé des œuvres majeures inspirées par la guerre comme Louis Aragon ( Les Yeux d'Elsa, La Diane française ) ou Paul Eluard (Les Sept poèmes d'amour en guerre,  Au Rendez-vous allemand...). Mention particulière au recueil L’Honneur des poètes

L'Honneur des poètes — Wikipédia (wikipedia.org)              

     

 
     Même si l'auteur  appartient à un passé beaucoup plus lointain,  on lira l'épitaphe signée  par Lord Byron. Ce  grand poète britannique meurt de fièvre en 1824, à  Missolonghi,  où il  était parti défendre la cause des révolutionnaires grecs.
 
 
ÉPITAPHE D’UN AMI.
Ἀστηρ πρὶν μὲν ἑλαμπες ἐνι ζωοἱσιν έὼος.
Laerte.

Ô toi que j’ai tant aimé, toi qui me seras éternellement cher, de combien d’inutiles pleurs j’ai arrosé ta tombe révérée ? Que de gémissements j’ai poussés à ton lit de mort, pendant que tu te débattais dans ta dernière agonie ! Si des larmes avaient pu retarder le tyran dans sa marche, si des gémissements avaient pu détourner sa faux impitoyable, si la jeunesse et la vertu avaient pu obtenir de lui un court délai, et la beauté lui faire oublier sa proie, à ce spectre, tu vivrais encore, charme de mes yeux, aujourd’hui gonflés de pleurs ; tu ferais encore la gloire de ton camarade, les délices de ton ami. Si ton âme plane encore quelquefois sur le lieu où repose ta cendre, tu peux voir gravée dans mon cœur une douleur trop intense pour être exprimée par le ciseau du sculpteur : le marbre ne marque point la place où tu dors de ton dernier sommeil, mais on y voit pleurer des statues vivantes. L’image de la Douleur ne s’incline pas sur ta tombe, mais la Douleur elle-même déplore ta perte prématurée. Ton père pleure en toi le premier né de sa race ; mais l’affliction d’un père ne saurait égaler la mienne. Nul sans doute n’adoucira ses derniers moments comme l’eût fait ta présence ; pourtant d’autres enfants lui restent pour charmer ici-bas ses ennuis. Mais qui te remplacera auprès de moi ? quelle amitié nouvelle effacera ton image ? Aucune ! — Les pleurs d’un père cesseront de couler ; le temps apaisera la douleur d’un frère jeune encore. Tous, hormis un seul, seront consolés ; mais l’amitié gémira solitaire.

1803.

 

 

Publié dans Poésie

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