Plume italienne : "Le Chant des innocents"

Publié le par Océ

La couverture du roman de Piergiorgio Pulixi  (2023).

La couverture du roman de Piergiorgio Pulixi (2023).

       C'est une  bonne surprise de ce début d'année que ce roman  publié en français l'an dernier et  heureusement  sorti de son attente sur une pile  assez conséquente.

    L'œuvre aurait pu être simplement distrayante car convenue avec  ses crimes violents, son tandem policier mixte, des questions de société classiques... Oui, mais voilà,  l'attention du lecteur  est captée d'emblée  car le roman ouvre sur l'élaboration d'un premier projet criminel  présenté par son auteur.  L'enquête policière commence  rapidement avec la rupture  de la trame narrative à chaque nouveau crime évoqué à la première personne, à la fois semblable et différent du précédent puisque profil des victimes et motivations des auteurs changent. Seule constante : ils sont adolescents et ne cherchent jamais  à fuir  ou à nier, offrant ainsi une cruelle réécriture de la variation sur un même thème.

      Même si c'est  l'inspectrice Teresa Brusca qui, officiellement, hérite du dossier, lcommissaire Vito Strega entre rapidement en scène. On le découvre au fil de ses  rencontres avec la psychiatre qui doit rendre un rapport sur ses capacités à reprendre le service après un drame  qui  l'a fait mettre à l'écart par sa hiérarchie. Autres caractéristiques du personnage : son goût immodéré  pour  "la fée verte" et ses  dialogues avec Sophia, la chatte de caractère.

       Quête de soi, quête des coupables s'entremêlent alors. Il faut attendre plusieurs courts chapitres pour  que s'éclaire le titre choisi. Le mal s'insinuait dans tous les fibres de son être, se mêlait à son sang . Il percevait la douleur et le désespoir des victimes, et leur chant, dans son esprit, formait désormais un chœur assourdissant."

        Les thèmes s'entrecroisent :  criminels adolescents, psychiatrie,  relations conjugales et d'autres à découvrir. Le caractère plaisant chez Piergiorgio Pulixi, c'est  son absence de discours  complexes  sur les thèmes en question, juste suggérés au lecteur. On appréciera surtout après avoir lu des romans  français à succès mais aux explications pesantes. 

    Un rappel pour mémoire : l'incipit de La Condition Humaine, roman signé André Malraux .

« 21 mars 1927. Minuit et demi. Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme. La seule lumière venait du building voisin : un grand rectangle d'électricité pâle, coupé par les barreaux de la fenêtre dont l'un rayait le lit juste au-dessous du pied comme pour en accentuer le volume et la vie. Quatre ou cinq klaxons grincèrent à la fois. Découvert ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés ! »

Publié dans Littérature

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