Ah ! Que dirait Ronsard...

Publié le par Océ

Ah ! Que dirait Ronsard...

    Imagine-t-on De Gaulle mis en examen ?  la phrase d'un candidat à la présidentielle a fait florès ces derniers jours et  connaît  une déclinaison qui ne se ralentit pas : De Gaulle portant des costumes luxueux, taillés sur mesure, des montres de grand prix, faisant travailler sa femme, ses enfants, leur faisant payer leur mariage, leur argent de poche...

    Imagine-t-on Ronsard, prince des poètes, en "prime time" à la place de Christine Angot pour décrire la situation économique et morale du pays ?

    Oui, imaginons,  ou plutôt, souvenons-nous : c'est facile puisque les bibliothèques conservent des documents qui ont traversé les siècles. Dans le recueil  paru sous le titre Discours des misères de ce temps, Ronsard montre qu'il n'est pas réductible à l'image de poète des Amours  comme manuels et anthologies se plaisent à le représenter.

    Catholique, royaliste, légitimiste, il témoigne en dressant le tableau de son pays ravagé par les guerres de religion. Voici les dix premiers vers fort célèbres de la Continuation du discours sur les Misères de ce temps. L'auteur s'adresse directement à la reine Catherine de Médicis.

"Madame, je serais ou du plomb ou du bois,

Si moi que la nature a fait naître François ,

Aux races à venir je ne contais la peine

Et l’extrême malheur dont notre France est pleine.

Je veux de siècle en siècle au monde publier

D’une plume de fer sur un papier d’acier,

Que ses propres enfants l’ont prise et dévêtue,

Et jusques à la mort vilainement battue.

Elle semble au marchand, accueilli de malheur,

Lequel au coin d’un bois rencontre le voleur (...)"

           Au lecteur d'imaginer les correspondances ( ou non) entre le XVIème siècle et nos jours.

Publié dans Poésie

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