Feu d'enfer

Publié le par Océ

Le 747 Global Supertanker largue du retardant sur le «Holy Fire», près du lac Elsinore, dans le comté d'Orange, en Californie, le 7 /8/ 2018. — DAVID MCNEW / AFP. Site https://www.20minutes.fr/monde/2318871-20180808-video-incendies-californie-lutter-contre-flammes-pompiers-utilisent-boeing-747.

Le 747 Global Supertanker largue du retardant sur le «Holy Fire», près du lac Elsinore, dans le comté d'Orange, en Californie, le 7 /8/ 2018. — DAVID MCNEW / AFP. Site https://www.20minutes.fr/monde/2318871-20180808-video-incendies-californie-lutter-contre-flammes-pompiers-utilisent-boeing-747.

Un Canadair  © PASCAL GUYOT / AFP

Un Canadair © PASCAL GUYOT / AFP

Dans un paysage de Haute-Provence.

Dans un paysage de Haute-Provence.

   Dans son roman, Colline, Giono transporte son lecteur dans un hameau de Haute-Provence. Les indices d'une présence maléfique se multiplient : l'ancêtre parle de façon sybilline et inquiétante, l'eau de la fontaine cesse de couler, une petite fille tombe malade puis c'est un incendie qui ravage cultures et paysage.

  A une époque où les Canadair n'existent pas encore, pas plus que les reportages télévisés au cœur de l'action,  dans l'extrait suivant, le romancier  invite chacun à rester à hauteur d'homme.  On pense aux héros de la mythologie luttant contre des monstres. Pour le malheur du hameau, la force diabolique du feu  se révèle  triomphante face à des hommes  comme Maurras qui se battent mais restent impuissants.

  "Ça a pris au Tonnerre de Dieu, là-bas, entre deux villages qui brûlaient des fanes de pommes de terre.
   La bête souple du feu a bondi d'entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin. Elle était à ce moment-là dans les pinèdes à faire le diable à quatre. Sur l'instant, on a cru pouvoir la maîtriser sans trop de dégâts ; mais elle a rué si dru, tout le jour et une partie de la nuit suivante, qu'elle a rompu les bras et fatigué les cervelles de tous les gars. Comme l'aube pointait, ils l'ont vue plus robuste et plus joyeuse que jamais qui tordait parmi les collines son large corps pareil à un torrent. C'était trop tard.
   Depuis, elle a poussé sa tête rouge à travers les bois et les landes, son ventre de flammes suit ; sa queue, derrière elle, bat les braises et les cendres. Elle rampe, elle saute ; elle avance. Un coup de griffe à droite, un à gauche ; ici elle éventre une chênaie ; là elle dévore d'un seul craquement de gueule vingt chênes blancs et trois pompons de pins ; le dard de sa langue tâte le vent pour prendre la direction. On dirait qu'elle sait où elle va. Et c'est son mufle dégouttant de sang que Maurras a aperçu dans la combe."
                                                          Jean GIONO, Colline, 1928.

Publié dans Littérature

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