"La Saveur des ramen" ? un délice

Publié le par Océ

Un plat traditionnel créateur d'émotions à partager.
Un plat traditionnel créateur d'émotions à partager.

Un plat traditionnel créateur d'émotions à partager.

   La Saveur des ramen : Le titre du  billet renvoie à la fois à un plat de nouilles cuites dans le bouillon et à un film tout récent d' Eric Khoo. Sous une apparence simple, La Saveur des ramen  entrecroise le passé et le présent, des décors traditionnels et l'urbanisation futuriste de Singapour, la découverte de la cuisine, de la famille et de ses secrets, de l'amour. Bref, Eric Khoo revisite avec  la délicatesse des estampes d'Hokusaï, le thème classique de la quête de son passé.

   Étroitement associés au souvenir de sa mère  disparue, les ramen  jouent pour le personnage principal, Masato, le rôle de la madeleine pour Proust. A sa fonction alimentaire, la nourriture ajoute son rôle social et familial, mêlant vie publique et vie privée puisque, comme son père et son oncle, Masato transforme la recette de famille en succès populaire.

  Autre temps, autre culture,certes, mais on ne peut s'empêcher de penser au film danois de Gabriel Axel, Le Festin de Babette, avec en commun, une tendresse certaine pour les humains malmenés par la vie et l'Histoire.                                   

  Peut-être un peu moins connu que celui de la fameuse madeleine de Proust, l'épisode dit de "la grive de Montboissier" offre un autre exemple de mémoire sensorielle. Dans l'extrait qui suit, Chateaubriand est beaucoup plus âgé que Masato, Mémoires d'Outre-tombe et la quête du passé est déclenchée par une sensation auditive.  

   "Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis si souvent siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui. Mais cette première tristesse était celle qui naît d'un désir vague de bonheur, lorsqu'on est sans expérience ; la tristesse que j'éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l'oiseau dans les bois de Combourg m'entretenait d'une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie."

                                                  Mémoires d'Outre-tombe

Publié dans Littérature, Peinture, Cinéma

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