"Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses...".
Le titre est extrait du poème de Baudelaire intitulé "Le Balcon" et disponible en intégralité à l'adresse suivante : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/charles_baudelaire/le_balcon
Pour lutter contre le manque d'espace et pratiquer l'exercice indispensable surtout quand les déplacements sont limités, le balcon apporte un espace supplémentaire plutôt appréciable.
La toile fourmille de tutoriels pour inciter à l'utiliser au mieux en cultivant ses propres légumes ou plantes aromatiques. En prime, le lieu semi-clos est supposé faciliter la convivialité par les échanges de balcon à balcon ou les récitals divers (musique, poésie) mais aussi la solidarité symbolisée par les rendez-vous de 20 heures en hommage aux soignants.
Bien après Goya et ses jeux du montré / caché, - les belles dames au teint délicat et des personnages inquiétants comme la mère / entremetteuse et des protecteurs dominateurs plus ou moins dans l'ombre- l'on retrouve la même disposition des personnages sous le pinceau de Manet.
Le confinement provoqué par la pandémie de Covid 2019 libère l'imagination. Lieu intermédiaire entre le monde privé de l'appartement et l'espace public de la rue, le balcon suscite de brèves histoires souvent marquées par l'humour noir.
Au théâtre, "la" scène du balcon de référence est sans doute celle immortalisée par Shakespeare avec la déclaration de Roméo à Juliette
- Shakespeare : Roméo et Juliette. Début de la très longue scène 2 de l'acte II, dite "scène du balcon."
Le jardin de Capulet. Sous les fenêtres de l'appartement de Juliette. Entre Roméo.
Roméo. – Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures ! (Apercevant Juliette qui apparaît à une fenêtre.) Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même ! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi ; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent : rejette-la !... Voilà madame ! Oh ! voilà mon amour ! Oh ! si elle pouvait le savoir !... Que dit-elle ? Rien... Elle se tait... Mais non ; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent. Ah ! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe ; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main ! Oh ! que ne suis-je le gant de cette main ! Je toucherais sa joue ! Juliette. – Hélas ! Roméo. – Elle parle ! Oh ! parle encore, ange resplendissant ! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en amère pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs ! (...)