La petite sirène, héroïne oubliée du confinement

Publié le par Océ

Confinée pour l'éternité sur son rocher à Copenhague.

Confinée pour l'éternité sur son rocher à Copenhague.

   Pourquoi s'intéresser à la petit sirène aujourd'hui ?  Eh non : ce n'est pas hors saison tant elle semble symboliser  les  diverses formes de confinement. Copenhague la garde, isolée sur son rocher. Andersen la raconte prisonnière de son  état de sirène puis de son chagrin, coupée de sa famille et abandonnée par l'homme qu'elle aime en vain. Elle meurt pour avoir cru à la possibilité d'échapper à son milieu, le monde sous-marin, à sa condition de sirène, et à celle d'obtenir la reconnaissance pour avoir sauvé un humain.                                                            

    La trame du conte est connue du grand nombre mais l'histoire mérite d'être relue en totalité. On la trouvera à l'adresse suivante : https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_d%E2%80%99Andersen/La_Petite_Sir%C3%A8ne

     Pour mémoire, voici deux courts extraits :

(...)"Cependant, pour qu’elle eût une âme immortelle et qu’elle ne devînt pas un jour un peu d’écume, il fallait que le prince épousât la sirène.  

    « Ne m’aimes-tu pas mieux que toutes les autres ? voilà ce que semblaient dire les yeux de la pauvre petite lorsque, la prenant dans ses bras, il déposait un baiser sur son beau front.  

     — Certainement, répondit le prince, car tu as meilleur cœur que toutes les autres ; tu m’es plus dévouée, et tu ressembles à une jeune fille que j’ai vue un jour, mais que sans doute je ne reverrai jamais. Me trouvant sur un navire, qui fit naufrage, je fus poussé à terre par les vagues, près d’un couvent habité par plusieurs jeunes filles. La plus jeune d’entre elles me trouva sur la côte et me sauva la vie, mais je ne la vis que deux fois. Jamais, dans le monde, je ne pourrai aimer une autre qu’elle ; eh bien ! tu lui ressembles, quelquefois même tu remplaces son image dans mon âme.

— Hélas ! pensa la petite sirène, il ignore que c’est moi qui l’ai porté à travers les flots jusqu’au couvent pour le sauver. Il en aime une autre ! Cependant cette jeune fille est enfermée dans un couvent, elle ne sort jamais ; peut-être l’oubliera-t-il pour moi, pour moi qui l’aimerai et lui serai dévouée toute ma vie. »(...)

(...)"La petite sirène écarta le rideau de la tente, et elle vit la jeune femme endormie, la tête appuyée sur la poitrine du prince. Elle s’approcha d’eux, s’inclina, et déposa un baiser sur le front de celui qu’elle avait tant aimé. Ensuite elle tourna ses regards vers l’aurore, qui luisait de plus en plus regarda alternativement le couteau tranchant et le prince qui prononçait en rêvant le nom de son épouse, leva l’arme d’une main tremblante, et… la lança loin dans les vagues. Là où tomba le couteau, des gouttes de sang semblèrent rejaillir de l’eau. La sirène jeta encore un regard sur le prince, et se précipita dans la mer, où elle sentit son corps se dissoudre en écume."

Publié dans Littérature

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