"Zangra"
Le confinement imposé par la pandémie de Covid-19 oblige chacun à guetter un ennemi invisible et redouté qui use l'énergie, la patience et rend conscient de l'emprise du temps sur nous.
Dans son roman Le Désert des Tartares, l'écrivain italien Dino Buzzati conduit le lecteur à vivre enfermé dans le fort Bastiani, sur une improbable frontière qui sépare le Royaume de l'Etat du Nord. Dans un environnement hostile, un fort qui commence à tomber en ruine, un climat difficile, un paysage monotone de désert aride, le héros, Giovanni Drogo, attend jour après jour l'arrivée de l'armée étrangère qui donnerait un sens à cette veille sentie comme absurde et une possibilité de montrer sa valeur au combat. Au fil des ans, les saisons passent, Drogo monte en grade mais rien d'autre ne se produit jusqu'au jour où la maladie le force à quitter le fort au moment même où se produit l'attaque attendue depuis si longtemps, cruauté ultime d'un destin absurde.
En format poche, le roman tient en 288 pages et se lit, se déguste même en traduction.
Un extrait : " Jusqu’alors, il avait avancé avec l’insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, où les années s’écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s’aperçoit de leur fuite. On chemine placidement, regardant avec curiosité autour de soi, il n’y a vraiment pas besoin de se hâter, derrière vous personne ne vous presse, et personne ne vous attend, vos camarades aussi avancent sans soucis, s’arrêtant souvent pour jouer. Du seuil de leurs maisons, les grandes personnes vous font des signes amicaux et vous montrent l’horizon avec des sourires complices ; de la sorte, le cœur commence à palpiter de désirs héroïques et tendres, on goûte l’espérance des choses merveilleuses qui vous attendent un peu plus loin ..."
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour, je m'ennuie quelquefois
Alors, je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d'amour et moi de mes chevaux
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour, je m'ennuie quelquefois
Alors, je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour, je m'ennuie quelquefois
Alors, je vais au bourg, boire avec Don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour, je m'ennuie quelquefois
Alors, je vais au bourg, voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d'amour mais elle de mes chevaux
J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l'ennemi est là, je ne serai pas héros"
Paroliers : Jacques Brel / Rod Mckuen