Donald Trump, le Janus de la Maison Blanche
Un peu oublié, le dieu romain Janus veillait jadis sur les carrefours et était le gardien des portes avec son double visage qui lui permet de regarder en arrière et en avant. Sa fête est le 1er janvier et coïncide avec le changement de mois et d'année.
Pour en savoir plus et retrouver l'origine des cadeaux de Nouvel An, on lira avec profit l'article suivant : https://theconversation.com/qui-etait-janus-le-dieu-romain-des-commencements-et-des-fins-89618
Comme d'autres, le terme a évolué en devenant dévalorisant. La fonction protectrice de la divinité s'est effacée et on a gardé l'ambiguïté profonde de la représentation d'une créature aux deux visages opposés.
Qualifier un homme de janus équivaut donc à le traiter d'hypocrite, de fourbe...bref, de tartuffe, personnage littéraire qui masque sa nature corrompue sous les traits de la dévotion.
Plus proche de nous, Stevenson a rendu populaire un autre personnage grâce au roman L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde puis aux adaptations (cinéma, télévision). Le bon docteur Jekyll souffre d'un dédoublement de personnalité qui conduit sa part d'ombre et criminelle à s'incarner sous les trait de M. Hide.
Dans l'actualité, c'est le président des USA qui provoque régulièrement des interrogations sur son attitude et ses décisions. Deux dessinateurs ont profité de l'actualité et le rapprochement permet de retrouver l'idée du double visage dont on ne sait s'il est réel ou calculé.
La préparation de l'élection présidentielle : le regard de Kroll (Belgique) est amusé et le personnage plutôt bonhomme.
La tentation est grande et facile de ne voir que la dimension comique voire ridicule d'un personnage comme le président actuel des USA. Moqué pour sa manie des tweets pas toujours fort heureux et pour son goût immodéré du golf quand les guerres ravagent le monde et le Covid son pays, Donald Trump n'a que faire de ses lacunes culturelles fort surprenantes à son poste, de sa diplomatie aléatoire et avance régulièrement comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. "Je m'aime donc je suis" lui conviendrait comme devise.
Les soupçons d'empoisonnement dont serait victime Alexeï Navalny : Chapatte choisit de croquer une autre face, celle de la cruauté
De démissions volontaires aux renvois sans ménagements, le cercle des conseillers et communicants s'éclaircit à toute vitesse. Le président semble aimer le nettoyage du terrain miné devant lui et les accusations de collusion avec la Russie rejaillissent régulièrement.
L'élimination de Mme Clinton lors des élections précédentes a été entourée de rumeurs d'ingérence étrangère. Les méthodes musclées contre les journalistes, les migrants... ne font pas non plus peur au grand démocrate et père de la nation qui se verrait bien gravé dans le roc du Mont Rushmore.
Les dessinateurs comme Kroll ou Chapatte montrent à leur façon deux images du président qui peuvent expliquer pourquoi il est aussi clivant.