Quand le destin est plus fort que la prévention

Publié le par Océ

             Régulièrement, des faits divers plus ou moins terribles dans leur dénouement s'ajoutent et provoquent les inévitables commentaires des uns et des autres. Tous constatent des exemples de délinquance,  parfois le sort funeste rencontré par les auteurs, sort contesté ou salué par réflexe pavlovien, comme "bavure policière" ou "sélection naturelle" pour schématiser une grande part des propos. Ne manquent jamais non plus, les "spécialistes" de la prévention qui déplorent régulièrement le manque de politique cohérente, de moyens financiers et humains, d'interrogations sur ceux qui devraient la mener ( Parents ? État ? Éducation nationale ? Associations ?...)

La révolte d'un fils ( gravure de Johann Teucher) et les suites (gravure de Wiliam Allan).La révolte d'un fils ( gravure de Johann Teucher) et les suites (gravure de Wiliam Allan).

La révolte d'un fils ( gravure de Johann Teucher) et les suites (gravure de Wiliam Allan).

       Si le préambule du billet se limite volontairement à un cas particulier d'actualité, la délinquance,  il est une invitation à relire un texte classique qui place la réflexion sur un plan plus général.

      Comme dans toute fable, l'histoire contée ici par Jean de La Fontaine offre au lecteur l'occasion de constater les effets et méfaits de la prévention paternelle.

               "L'horoscope" 

            On rencontre sa destinée
Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter.
               Un Père eut pour toute lignée
Un fils qu'il aima trop, jusques à consulter
               Sur le sort de sa géniture (1)
               Les Diseurs de bonne aventure.
Un de ces gens lui dit, que des Lions surtout
Il éloignât l'enfant jusques à certain âge :
               Jusqu'à vingt ans, point davantage.
               Le Père pour venir à bout
D'une précaution sur qui roulait (2) la vie
De celui qu'il aimait, défendit que jamais
On lui laissât passer le seuil de son palais.
Il pouvait sans sortir contenter son envie,
Avec ses compagnons tout le jour badiner,
               Sauter, courir, se promener.
               Quand il fut en l'âge où la chasse
               Plaît le plus aux jeunes esprits,
               Cet exercice avec mépris
               Lui fut dépeint ; mais, quoi qu'on fasse,
               Propos, conseil, enseignement,
               Rien ne change un tempérament.
Le jeune homme, inquiet, ardent, plein de courage,
A peine se sentit des bouillons d'un tel âge,
               Qu'il soupira pour ce plaisir.
Plus l'obstacle était grand, plus fort fut le désir.
Il savait le sujet des fatales défenses ;
Et comme ce logis plein de magnificences
               Abondait partout en tableaux,
               Et que la laine et les pinceaux
Traçaient de tous côtés chasses et paysages,
               En cet endroit des animaux,              
               En cet autre des personnages,
Le jeune homme s'émut, voyant peint un Lion.
Ah ! monstre, cria-t-il, c'est toi qui me fais vivre
Dans l'ombre et dans les fers. A ces mots, il se livre
Aux transports violents de l'indignation,
          Porte le poing sur l'innocente bête.
Sous la tapisserie un clou se rencontra.
               Ce clou le blesse ; il pénétra
Jusqu'aux ressorts de l'âme ; et cette chère tête
Pour qui l'art d'Esculape en vain fit ce qu'il put,
Dut sa perte à ces soins qu'on prit pour son salut.(...)

    L'anecdote du fils est suivie de celle sur la mort d'Esope et d'une  argumentation intéressante puisque la fin de la fable montre l'opinion de La Fontaine sur les horoscopes  :

(...) Tout aveugle et menteur qu'est cet art,
Il peut frapper au but une fois entre mille ;
               Ce sont des effets du hasard.

   La fable dans sa totalité peut être retrouvée en suivant le lien donné : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/horoscop.htm

Publié dans Poésie, Peinture

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