Grains d'amertume

Publié le par Océ

     2021 :  on lit dans la presse  le sort réservé par les talibans à  certains de leurs concitoyens.  Tout récemment, quatre  hommes ont été  abattus au cours d'une fusillade à Hérat. Il leur était reproché d'avoir participé à des enlèvements. A priori, pas de procès, pas de jugement.

     Bagarre, règlement de comptes ou justice expéditive...L'essentiel est ailleurs puisque les corps ont été pendus à des grues  et exhibés comme exemple à la vue de tous. Objectif : servir d'exemple.

    Non, les talibans de 2021 n'ont pas changé et l'information nous  fait retourner dans un passé lointain, celui de la France du XVème siècle, celle de Villon et des pendus de Montfaucon (voir le site https://www.pariszigzag.fr/secret/histoire-insolite-paris/torture-paris).  La justice  à venir en Afghanistan dans la version annoncée par les talibans ?  Flagellations, mutilations, lapidations...

"La Pie sur le Gibet" est un tableau peint par Pieter Bruegel l'Ancien en 1568.

"La Pie sur le Gibet" est un tableau peint par Pieter Bruegel l'Ancien en 1568.

François Villon : "Ballade des pendus"

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Publié dans Poésie

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